Récemment, je lisais un article à propos de la démographie régionale et, comme d'habitude, dans ce domaine comme dans celui de l'emploi puisque les deux sont étroitement liés, le Berry était le vilain petit canard. La région Centre val de Loire n'a en effet aucune homogénéité dans ses activités économiques comme dans sa démographie, là encore, éléments intimement liés. En effet, mais faut-il s'en étonner quand on constate depuis des années le transfert, sur Orléans et le Loiret en général, des emplois et notamment des emplois du tertiaire. S'agit-il d'une volonté politique délibérée ou d'un acharnement concentrationnaire visant à tirer la couverture de l'emploi vers le Loiret et en vidant du même coup le Berry de sa substance économique et de sa potentialité de son savoir faire?
Je sais que ces propos semblent relever d'un chauvinisme primaire, mais avoir la volonté de vivre et de travailler au pays, n'est-ce pas un souhait légitime? D'ailleurs, à ce sujet, il y aurait beaucoup à dire, quand on voit le mal-être des populations déracinées de leur département pour des raisons professionnelles, quand on voit les difficultés de circulation qui découlent de ces concentrations urbaines, quand on voit le déséquilibre d'infrastructures qu'elles génèrent en étant insuffisantes dans les grandes villes et de plus en plus inexistantes dans les campagnes. Enfin, quand on constate l'incidence écologique causée par ce phénomène, on peut se dire que notre société a perdu la raison. Cette fuite en avant à la recherche d'un travail, cette instabilité constante, obligent les générations actuelles à abandonner des perspectives d'avenir, à fragiliser la cellule familiale, à détruire nos attaches identitaires,bref, à anéantir tout le tissu social, intellectuel et affectif qu'on connaissait. Or, le Berry est l'exemple parfait de mes propos et, sans que ce soit une exception, il est à mon sens nécessaire de le dénoncer parce que le berrichon est un contribuable comme les autres et , face à l'impôt, il est en droit d'avoir des exigences sur sa qualité de vie. N'y aurait-il pas d'ailleurs une insinuation de ces sentiments dans les velléités de plusieurs conseillers régionaux de procéder à un regroupement de l'ancienne province du Berry afin de devenir auprès de la région une entité audible?
Car il est vrai qu'aujourd'hui, le décalage économique perceptible dès qu'on met un pied dans le Berry, devient intolérable et le contribuable que je suis est forcément en droit de se poser quelques questions du genre:
- Pourquoi il aura fallu 40 ans pour réaliser une malheureuse rocade autour de Bourges sans même un doublement des voies et sans que ce travail ne soit encore terminé au moment où j'écris!?
- Pourquoi l'autoroute A71 n'offre qu'un seul accès sur Bourges?
- Pourquoi nos routes rappellent tristement celles du 19ième siècle?
- Pourquoi la suppression des liaisons ferroviaires ?
- Pourquoi cette prolifération parfois anarchique inutile et coûteuse de ronds points ?
- Pourquoi l'absence de projets innovants pour la ville de Bourges, une ville d'art, une ville qui a une riche histoire et qui, malgré ces handicaps, de l'avis des touristes, demeure une belle ville?
- Pourquoi cet isolement constaté au niveau de la télévision régionale, alors que de nombreux événements culturels se produisent à Bourges?
- Pourquoi cette volonté d'occulter le Berry?
Vous aurez sans doute compris mon attachement au Berry pour ses richesses culturelles, pour ses richesses patrimoniales, pour ses prouesses intellectuelles qui n'ont absolument rien à envier à ses voisins territoriaux même si la télévision régionale les ignore bien souvent au profit de niaiseries orléanaises.
Mais peut-être qu'on envisage de clôturer notre belle province afin que la gent citadine orléanaise vienne, lors de ses promenades dominicales, observer des Berrichons, une espèce en voie d'extinction!?