samedi 2 mai 2020

La Chine



              Depuis tout gosse, j’ai entendu parler du péril jaune. Est-ce que cette vieille prémonition des anciens se réaliserait aujourd’hui avec le Coronavirus ? L’évènement est sans doute fortuit et lorsque j’avais dix ans, rien n’aurait pu laisser penser à l’époque qu’un virus venant de Chine, bouleverserait notre vie à ce point et pourtant…
      Et pourtant, cette puissance économique dont l’émergence est devenue, un passage incontournable grâce à l’Occident, s’affirme chaque jour dans le commerce international et il aura fallu cette pandémie pour que les pays occidentaux réalisent à quel point ils sont tributaires de la Chine. Une situation bien gênante lorsqu’elle reste le seul pays à pouvoir fournir en grande quantité les matériels médicaux et précisément ceux dont nous avons un besoin urgent en ce moment.
            Ce qui vaut pour ce besoin spécifique du moment, vaut également pour toutes nos unités de fabrication en général. La délocalisation opérée par les grands groupes spéculateurs aboutit donc à cette aberration. On vous dira que tout ceci est dans le cadre de la mondialisation et de la concurrence intenable, qu’il faut trouver des coûts de production raisonnables pour pouvoir faire face et maintenir  des sociétés en vie. Seule, la Chine en serait capable avec un coût de main d’œuvre dont le régime politique ne tolérerait sûrement pas la moindre contestation.
            Or, la totalité des produits que vous trouvez dans vos magasins, proviennent de Chine et, curieusement ne sont pas moins chers pour autant quand on fait le rapport qualité/prix. Alors me direz-vous, dans ces conditions, les coûts réduits de production font ressortir une marge supérieure  dont la destination se situe , non pas au niveau de la consommation, mais au bénéfice des dividendes perçus par les actionnaires.
               Voilà donc le résultat désastreux de nos grands maîtres à penser de la finance et des affaires qui vous éblouissent avec de beaux discours, jurant la main sur le cœur, que leur action se justifie pour le seul bien de l’humanité. Ils oublient simplement de préciser que les dirigeants des grands groupes du CAC 40 ne cessent de s’enrichir alors que la misère et la précarité ne cessent de grandir dans les mêmes proportions.
            Bien loin d’être un économiste averti, le coronavirus et le confinement qui en découle, m’auront au moins permis d’avoir cette réflexion, eertes très schématique, mais peut-être pas si loin d’une triste réalité. Si tant est que le coronavirus présente un intérêt, c’est bien celui de démontrer qu’il ne distingue pas dans son œuvre destructrice les nantis des autres et que la puissance financière demeure  sans effet par rapport à la tragédie qu’il nous fait vivre. Puisse la mise en évidence de ce sinistre épisode éclairer la cupidité des hommes, de ceux que la richesse n’immunise pas contre ce fléau, et permettre ainsi un retour à des politiques commerciales relocalisées et de proximité en supprimant du même coup l’impact catastrophique sur l’environnement et les intermédiaires inutiles qui parasitent la marge de ceux qui produisent. Théorie bien simpliste me direz-vous, mais j’ai aussi la faiblesse de croire qu’un jour les hommes pourraient vivre dignement de leur travail et de leur talent sans passer par cette orgie spéculatrice.

Pierre Delval