lundi 25 février 2008

Conflit entre texte et ponctuation

Vous, le point d'exclamation, je vous aurais appelé le point d'exaspération. Effectivement, vos étonnements bruyants, vos colères soudaines, vos insistances dont vous usez et abusez pour faire passer vos idées, procèdent de méthodes brutales qui m'indisposent. Chacune de vos interventions est souvent précédée par des mots excessifs qui contribuent à durcir le récit. Arrêtez de vous balader parmi les mots, n'importe où, et placez vous là où il est nécéssaire que vous soyez que diable!
Quant à vous, le point d'interrogation, vous prétendez ne pas vous imposer alors que votre allure bedonnante et sympathique au demeurant, suggère et pose humblement, soit, mais constamment, des questions. Ne vous est-il donc jamais venu à l'esprit que votre omniprésence transforme le texte en noeud d'incertitudes pour le lecteur ? Et je ne parle même pas du point d'exclamation lorsqu'il accompagne le point d'interrogation soulignant l'urgence de la réponse alors que l'esprit du lecteur pense davantage à rire de vos graphismes réunis ne manquant pas de lui évoquer Laurel et Hardy.
Et puis vous, les parenthèses, cessez de vous gonfler d'importance. Faire appel à vos services n'est jamais que l'aveu de l'indigence d'un texte que l'auteur n'a pas su rendre concis. Vous êtes une dépanneuse, que dis-je, un second rôle en quelque sorte qui affecte ma lisibilité.
Le point, tellement dénudé dans son graphisme et tellement là pour interrompre le rêve, qu'il en est indécent. Cassant, autoritaire, il met un terme à tout. Seul, le point final a le mérite d'être clair en nous indiquant que plus rien n'est envisageable, que l'histoire ne continuera pas et qu'il est temps de fermer le livre. Pensez donc qu'un point peut être tout bêtement le résultat d'une maladresse de l'auteur. Celui-ci échappe son stylo qui tombe malencontreusement sur la pointe et voilà qu'inconséquemment le point se retrouve au milieu de rien. Vraiment, le point ne ressemble à rien.
Il y a bien les guillemets derrière lesquels l'auteur se dissimule en faisant parler ses personnages, redoutant sans doute d'affronter le lecteur lui-même. La méthode est à l'évidence plus confortable mais peu courageuse.
Non, vraiment, rien de la ponctuation ne me convient totalement, à une exception près toutefois. Cette exception, c'est la virgule, cette petite chose discrète mais dont les effets ménagent le souffle du lecteur dans les phrases trop longues. Elle n'interrompt pas, elle précise, elle clarifie puis vous laisse reprendre le cours normal de votre lecture. Son graphisme est doux et agréable à regarder. oh je sais, on lui reproche souvent de fréquenter des lieux peu recommandables pour une virgule, mais ne peut-on pas se poser le question de savoir pour quelle raison elle figure dans des endroits souvent propices à la méditation mais également fréquemment dépourvus de papier? Tout simplement pour son esthétisme car dans cette situation d'inconfort, n'importe quel signe ferait l'affaire, mais la virgule a dans beaucoup de cas la préférence de l'auteur.

La ponctuation dans un texte, c'est un peu comme l'assaisonnement d'un plat, point trop n'en faut.

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