mardi 24 mars 2020

Coronavirus oblige

       Cette période si particulière de la pandémie qui nous plonge actuellement dans un désoeuvrement inhabituel et aussi dans  un isolement auquel nous devons nous adapter, n'aura-t-elle que des effets négatifs ?
     Certainement  quand on constate déjà le lourd tribut payé  en vies humaines, sachant hélas, que le mal va sans doute encore poursuivre son oeuvre destructrice pendant un temps dont nous ignorons la durée. Cette incertitude trouble nos esprits , nous privant de tous objectifs d'avenir et nous plongeant dans une confusion bien ténébreuse.
       Voilà donc où j'en étais de mes réflexions qui tentaient par ailleurs de combler cette oisiveté stérile. Et puis, mes pensées se sont orientées vers des horizons plus joyeux pour conjurer l'acharnement du sort qui nous est fait mais que l'inconséquence de l'humanité nous renvoie comme une punition. 
        J'ai alors rêvé que ce virus devant la gravité de ses conséquences nous aura fait soudain prendre conscience des choses essentielles de la vie, celles que nous avons oubliées, nous imaginant que l'argent et le pouvoir nous préserveraient de tout. que la réduction du temps et de l'espace favoriserait la mondialisation, que l'économie florissante qui en résulterait nous apporterait une puissance et une invincibilité que rien ni personne ne pourraient contester. 
           J'ai rêvé d'un "après" qui aurait le goût de la raison et du bon sens, comme celui qu'avaient nos anciens. J'ai rêvé d'une répartition de la population pour repeupler nos villages  et que les villes cessaient d'être des lieux concentrationnaires figés dans le béton où la vie a rompu les liens relationnels les plus élémentaires. J'ai rêvé de donner du temps au temps, j'ai rêvé de redonner de l'espace au monde, à ce pauvre monde, plus victime que bénéficiaire d'une vitesse qui réduit tout et qui étrique précisément nos rêves. J'ai même rêvé pour me déplacer d'emprunter la voiture à cheval plutôt que le cheval vapeur quand il s'agit de promenade afin de profiter du temps qui s'écoule pour admirer des paysages qu'on ne prend même plus le temps de regarder ...
          Et j'ai enfin rêvé comme en ce  premier matin de printemps, profiter désormais de chaque jour que me donnera encore la vie, d'humer les parfums matinaux qu'exhalent les fleurs caressées  par un soleil levant, d'entendre les oiseaux rompre le silence consenti par les hommes confinés, d'admirer l'accomplissement du cycle éternel de la nature, de retrouver le temps des saisons, bref, de retrouver la vie, la vraie, non falsifiée par des artifices  inutiles. 
           Oui, en ce matin de printemps j'ai retrouvé un monde de vérité où la nature asphyxiée depuis si longtemps, recommençait à respirer. J'ai rêvé que les hommes discerneraient enfin les vraies valeurs et comprendraient que celles dont je parle ne résident pas dans les banques mais dans leurs têtes. 
              Il ne faudrait toutefois pas croire que je suis un adepte d'un passé parfois archaïque et ignorant. Je sais que les hommes sont capables d'effectuer des prouesses incroyables, mais que celles-ci  servent les hommes, le progrès n'étant effectif que lorsqu'il n'exige aucune contrepartie.
            Notre planète est fatiguée et nous sommes arrivés au temps où il faudra faire preuve de mesure et de sagesse, de civisme et de respect si nous voulons encore prétendre appartenir à un monde civilisé.
         Or ce temps-là sera peut-être celui de l'après...


Pierre Delval

2 commentaires:

gaston a dit…

Je vais reprendre une idée plutôt de Gauche et qui j’espère, sera reprise par les hommes qui gouvernent le pays une fois que la crise sera derrière nous.
La "crise du coronavirus" révèle notre vulnérabilité face à des chaînes de production mondialisée et un commerce international en flux tendu, qui nous empêchent de disposer en cas de choc de biens de première nécessité : masques, médicaments indispensables, etc. Des crises comme celle-ci se reproduiront. La relocalisation des activités, dans l’industrie, dans l’agriculture et les services, doit permettre d’instaurer une meilleure autonomie face aux marchés internationaux, de reprendre le contrôle sur les modes de production et d'enclencher une transition écologique et sociale des activités.
L'idée ce n'est pas de se couper du Monde mais de faire et produire sur le territoire, est-ce qu'on a besoin d'acheter de la viande de mouton qui vient d'Australie, du bœuf d'outre Atlantique,...?
Mais j'ai bien peur que "L'Après" ne soit qu'une énième répétition car on ne change pas l'homme même durant 6 semaines de confinement.
A pluche et portez vous bien.

Pierre Delval a dit…

Cher Gaston et fidèle lecteur qui m'encourage à poursuivre l'écriture de ce blog, je vous remercie pour votre commentaire dont la pertinence aurait pu me dispenser de publier mon prochain propos sur le sujet tant nos points de vue semblent être en adéquation. Mes amitiés. Pierre